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Vues d’exposition : Marine Segond 



New New York







New New York, nouvelle série de Robin Lopvet, prend naissance en 2015 lorsque l’artiste fait son post-diplôme à l’International Center of Photography (NYC). N’ayant habité que dans des petites villes en France, il est particulièrement surpris de se trouver dans cette métropole gigantesque avec un flux énorme de personnes et d’énergies. Il y observe alors une dialectique de construction et déconstruction, de puissance et fragilité dont il a rendu compte dans une œuvre vidéo d’animation image par image Tout doit disparaitre.




C’est à partir de cette vidéo que Robin Lopvet réalise, avec la complicité du chanteur – compositeur – auteur – musicien Mathieu Blanc-Francard (connu sous le pseudonyme de Sinclair) une nouvelle œuvre vidéo d’animation New New York revisitant l’histoire de la photographie à New York au 20ème et 21ème siècle. Le montage est là encore réalisé image par image, auquel s’ajoute l’utilisation de logiciels d’intelligence artificielle. Dans cette œuvre vidéo, le regard est emmené dans un tourbillon où images et son se percutent et s’emmêlent. L’un et l’autre chasse le précédent. La vitesse est prégnante et emporte de manière hypnotique, provoquant ainsi le même effet que le visionnage des chaines d’information où le débit des nouvelles, bonnes ou mauvaises, s’enchainent sans sens véritable, si ce n’est faire de l’audimat et engranger un chiffre d’affaires supérieur aux chaines d’informations concurrentes. La critique est là, en background, mais Robin Lopvet et Mathieu Blanc-Francard en font un objet poétique empli d’humour et de bienveillance.




New New York, c’est aussi une nouvelle série de photographies imaginées par Robin Lopvet et produites pour certaines avec des procédés d’époque, collodions, tirages argentiques ou polaroïds. Elle est présentée de manière – relativement - chronologique par rapport à l’histoire de la photographie à New York et à l’utilisation des techniques photographiques. La sensation de reconstitution historique est encore accentuée par un accrochage librement inspiré, notamment, des éditions de l’Armory Show du début du 20ème siècle. Ici, Robin Lopvet se positionne presque en archéologue d’un temps révolu pas très lointain. Il y met en suspens la sensation au réel et au temps mais sans en faire un leitmotiv scientifique. Tout anachronisme est bienvenu et ajoutera encore plus à son récit.




En s’attachant une nouvelle fois à brouiller les pistes, Robin Lopvet interroge le statut même de la photographie à l’heure où plus que jamais cette dernière est emportée dans un flux incessant. Ainsi, la dernière édition du « Data Never Sleeps » (avril 2023) donne le chiffre vertigineux de 66.000 images postées par minute sur le réseau social Instagram. Mais au-delà du flux, ce qui intéresse ici Robin Lopvet, c’est le statut même de la photographie. Ne peut-elle que décrire le monde ? Ne peut-elle pas être elle-aussi, comme les créations littéraire ou cinématographique, une œuvre de fiction ?